Eglise Orthodoxe – Avignon

Paroisse Saint Cosme et Saint Damien

Il a été dit : tu ne tueras point,

Il a été dit : tu ne tueras point, mais moi je vous dis …

(Matthieu 5, 21- 26)

Abel & Caym

Abel & Caym

Tu ne tueras point. Ce n'est pas le commandement qui nous pose le plus de problème ! Là pour une fois, nous sommes tranquilles…

 

Mais voilà que Jésus le reprend à sa manière. Et là nous devenons quasi quotidiennement concernés ! Et mis très concrètement en porte à faux avec l'amour du prochain qu'il nous demande.

Car ce n'est pas un amour vague, général, ne nous engageant pas à grand chose. Non, dans tout ce discours du chapitre 5, Jésus va nous donner des exemples très concrets de la mise en pratique des commandements. Et aussi des conséquences de ne pas les prendre au sérieux : ici le juge, la prison, payer jusqu'au bout, c'est-à-dire nous dégrader spirituellement et tourner le dos au Royaume de Dieu.

 

Alors comment s'y prendre ?

Je peux essayer de m'en tirer par moi-même, par un effort héroïque de ma volonté. L'expérience nous montre que ça ne marche pas vraiment. Ne pas se mettre en colère, ne pas dire ou penser du mal de quelqu'un, et en gros toujours des mêmes, à la longue c'est épuisant, on s'essouffle. Et on se dit que ces commandements de Jésus, on n'y arrivera jamais, ce n'est pas pour nous, c'est pour les saints, en tous cas c'est au-dessus de nos forces. Et c'est vrai. C'est un bon constat, c'est au-dessus de nos forces. Et d'ailleurs Jésus Lui-même nous le dit : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ».

 

Comment donc faire avec Lui ?

En nous souvenant le plus souvent possible, tout au long de nos journées, que Jésus est là, tout proche, « à notre porte », et qu'Il attend juste de nous un signe d'ouverture, d'accueil, une parole, une prière, pour qu'Il nous donne de sa grâce, de son Esprit Saint, pour nous guider vers ces réconciliations. Il nous demande juste de vouloir y tendre par amour pour Lui, parce qu'Il nous le demande, même si ce n'est pas de gaieté de cœur, même si nous n'en avons pas vraiment envie. Parce que bien sûr nous trouvons des raisons à nos colères, nos animosités, nos antipathies, nos ruptures. Y tendre par amour pour Lui, et nous en remettre à Lui pour nous éclairer dans nos actes et nos paroles. Et alors la perspective de la réconciliation prend une toute autre tournure. Elle devient une œuvre commune, à Dieu et à moi : je décide de vouloir, mais seul je ne peux pas. Dieu peut, mais Il respecte ma liberté, Il attend ma demande pour œuvrer avec moi et pour moi. Et dans ce cheminement avec Dieu, mon état intérieur vis-à-vis de la personne avec qui je suis en conflit change, la situation elle-même change, ou en tous cas je la vis différemment. Ce peut être la découverte émerveillée de

l'action du Saint Esprit en moi et chez les autres, qui amène des petits miracles au aboutir à un début de communion fraternelle. Continuons donc à prier les uns pour les autres, et particulièrement et avec persévérance pour ceux avec qui ça se passe mal, avec qui nous avons des difficultés, que nous n'aimons pas, pour qui à vrai dire nous n'avons aucune envie de prier. Prenons-les un à un dans notre cœur, et présentons-les à Dieu en lui disant : « vois, avec un tel ça coince, aide moi, aide le, aide nous à changer cela, en suivant ta volonté. Et donne-nous ta paix ». Amen

 

Guillaume PIC